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DIPLOMEO – Laurent Picart : « Pour choisir son école d’art, il faut écouter son cœur »

Laurent Picart, directeur de l’Ecole Conte, nous parle  des projets de l’établissement et du secteur du design textile, vers lequel s’orientent ses étudiants.

Une école tournée vers la création

Quelles sont les spécificités de l’Ecole Conte ?

Ce qui la différencie des autres écoles, c’est que c’est une école de création. Elle existe depuis 1949 à la suite de la symbiose de plusieurs ateliers, de 1949 à 1981. Notre spécialité était le design textile. C’était bien évidemment très proche de la mode qui a connu ses balbutiements pendant les 30 glorieuses et aujourd’hui on est toujours spécialisé dans le design textile et le stylisme de mode.

On propose un atelier préparatoire pour les personnes qui n’ont pas tous les acquis, c’est une forme de MANAA. On était confronté à des personnes qui, par exemple, avaient fait un bachelor en stylisme et qui étaient très frustrées de ne pas savoir commercialiser leurs produits. Grâce à la participation du Collège de Paris nous avons pu mettre en place un Ms du management de luxe et de la mode et ce Ms est assez différent de ceux des autres écoles de commerce. On est une école de création qui propose de faire du management et pas le contraire.

Si vous deviez dégager les points forts de l’école, quels seraient-ils ?

Tous les professeurs sont des professionnels, des intervenants qui, même s’ils ont la pédagogie, restent tournés vers leur profession initiale.

On fait appel à la créativité même pour les Masters management. On propose un cours sur deux sous forme de projet créatif. On met « la main à la pâte » pour bien travailler l’aspect créatif de chaque personne. Ce sont les deux grands points forts de l’école Conte.

Des diplômés aux horizons variés

Vers quoi s’orientent vos diplômés ensuite ? Vers quel secteur, quels métiers concrets ?

Ils s’orientent vers la profession de designer textile ou styliste. Ils peuvent travailler pour une maison, un groupe, un bureau de tendance, etc. C’est extrêmement ouvert : du visual merchandiser à la conseillère de vente, en passant par le directeur artistique, toute sorte de corps de métiers que l’on peut trouver dans toutes les entreprises liées au luxe et à la mode. On a quelqu’un qui travaille dans l’e-commerce de la joaillerie de luxe par exemple.

Quel est le taux d’insertion de vos diplômés?

Je pense que dans ce domaine on est dans les 75 % de personnes qui ne se trompent pas de voie.

S’ouvrir vers le design

Comment évolue l’école ?

Je suis arrivé il y a quatre mois, mais l’évolution je l’ai déjà sentie. C’est une école de création qui est restée entre soi, qui n’a pas voulu se démarquer et communiquer autant que d’autres écoles concurrentes parce qu’on n’a pas du tout matraqué sur la communication et finalement on est resté un peu en second plan sur les choix des étudiants.

Par l’impulsion du Collège de Paris, il y a un changement, visible au niveau du master notamment. Ça change du tout au tout, c’est-à-dire qu’il y a quatre ans, il y avait 7 étudiants en master et actuellement il y a 71 candidatures. On se rend compte qu’il y a vraiment du travail à faire et on sent cette évolution, ne serait-ce qu’avec les chiffres.

Et côté projets?

Il y a un projet de déménagement, on restera certainement à Paris intra-muros, mais on est confronté au nombre, on doit pousser les murs. On aurait aussi pu faire comme toutes les autres écoles, on garde ce lieu prestigieux et on fait un concours pour sélectionner et puis on augmente les prix pour ne pas perdre d’argent. Là, on essaie quand même de garder des prix raisonnables avec un master à 6 000 € l’année.

Autre point : la possibilité de faire de l’alternance. Parce qu’on a tout type de profil, dont des personnes qui ne peuvent pas se payer une école privée, ce qui est un comble dans l’art. Cela permettrait une véritable ouverture sur des catégories socioprofessionnelles différentes.

On va aussi se concentrer pour devenir une école de design au sens large du terme. On va faire du design d’espace et de produits, toujours autour du textile bien sûr pour vraiment avoir une spécialité et se différencier ainsi.

S’élargir au design ? De quelle manière ?

Dans notre atelier préparatoire par exemple, sur 40 étudiants, il n’y a que deux personnes qui restent dans notre école et qui entrent en stylisme de mode. On tend à conserver cette manne d’étudiants qui passe par l’Ecole Conte pour préparer des concours. On va mettre en place une prépa intégrée pour mieux transformer l’essai.

« Pas une simple école de passion éphémère »

Comment est-ce que vous voyez que l’avenir de l’école ?

Idéalement je la vois s’étoffer avec ce nouvel aspect design, en s’élargissant à tous types de personnes et avec une vraie insertion professionnelle. Ce sont des métiers qui ne sont pas si évidents, 75 % des personnes restent dans le domaine, mais il y a des personnes qui font du management du luxe et de la mode et qui restent malheureusement conseillères de vente en ayant un bac+5 avec une spécialisation marketing, c’est dommage.

Le secteur est bouché et la seule solution, c’est l’alternance. Outre l’autofinancement par l’entreprise et par les organismes financeurs, c’est vraiment la possibilité d’avoir un pied à l’étrier.

On peut aussi profiter du Collège de Paris qui a une véritable ouverture à l’international. On a trois ou quatre personnes qui vont partir à l’étranger, avec des prestataires qui nous permettent de trouver des stages de six mois post diplôme.

En tant que directeur, qu’est-ce que vous aimeriez accomplir à l’Ecole Conte ?

Idéalement, je parlais d’insertion de 75 %, j’aimerais 100 % d’intégration. Ce que je veux c’est que ce ne soit pas une simple école de passion éphémère où on peut faire de la mode, et pourquoi pas du stylisme, et pourquoi pas autre chose, mais vraiment en faire un vrai métier et que les personnes puissent en vivre, vivre de leur passion.

J’ai travaillé dans de grosses écoles de commerce et je les ai fuis. Tout simplement parce que je n’ai pas retrouvé de profils de personnes passionnées par ce qu’elles faisaient. Ici, on ne peut pas se tromper, les personnes qui viennent ne le font pas par hasard. Ils ne font pas du commerce parce que papa l’a dit, ils ne font pas du marketing parce qu’ils se disent que c’est sympa, ils viennent vraiment parce qu’ils sont passionnés. Ils sont animés par une passion et je trouve ça beau, c’est pour ça que je veux les suivre et les aider à aboutir à leur rêve, parce que finalement on ne vend pas des aspirateurs et on fait vraiment la construction d’une personne.

Choisir son école d’art en « écoutant son cœur »

Si vous deviez donner des conseils aux étudiants qui sont intéressés par l’art, comment choisit-on son école d’art ?

C’est toujours très compliqué. Je pense qu’il faut savoir répondre à une question, et ça fonctionne aussi pour l’alternance : « qu’est-ce que vous voulez faire quand vous serez grande ? ». Si vous arrivez à désigner un objectif, on ne peut pas se tromper et ensuite on travaille foncièrement sur les moyens. Pour choisir une école d’art, il faut avant tout savoir ce qu’on aime faire, parce qu’on aura la motivation et l’envie. Personnellement ça ne fait que cinq ans, et j’ai 40 ans passés, que je sais ce que je veux faire.

« Je trouve ça très élitiste de mettre des barrières par rapport au bac. »

Il y en a qui ont besoin de prestige, d’autres de grandes écoles, d’autres qui ont certainement entendu parler des réputations. Je pense qu’il faut un peu marcher à l’affect, ne pas hésiter à aller à des JPO pour s’imprégner du lieu, voir si ça nous correspond. Je crois qu’il faut écouter son cœur tout simplement.

Qu’est-ce que vous conseilleriez à un étudiant qui n’a pas fait de bac STD2A et qui voudrait quand même entrer, est-ce que c’est possible ?

J’ai imposé l’esprit de « on prend n’importe qui en entretien », ceux qui rentrent un peu dans les clous. Ce n’est pas lié au bac ou aux résultats du bac, mais on veut voir la personne. On échange et on voit ce qu’il en est. Il y a des personnes qui sont très talentueuses qui sont arrivées avec un petit bac pro, qui ne correspondait pas du tout à notre spécialité et qui sont choisis parce qu’ils dessinent depuis l’âge de sept ans ou autre ! Si on aime ce que l’on fait, je pense que ça peut fonctionner. C’est très optimiste, mais c’est un peu comme ça que je vois les choses. Je trouve ça très élitiste de mettre des barrières par rapport au bac.

Faire face à un secteur bouché

Selon vous quels sont les métiers aujourd’hui qui recrutent dans le domaine de l’art ?

Le secteur est un peu bouché parce que les personnes vivent vraiment de leur rêve alors quand je posais la question « qu’est-ce que vous voulez faire quand vous serez grande ? », souvent on me dit directeur artistique, ce qui est quand même un peu le summum du métier dans notre domaine.

J’ai une personne qui est en charge du design textile des fauteuils pour Air France. Il y a toutes sortes d’ouverture en termes de design textile. Il y a aussi quelqu’un qui se spécialise dans les intérieurs de voitures de luxe. Souvent, on se cantonne tellement à la mode, aux vêtements, mais il ne faut pas. Il faut mettre côte à côte son talent et les choses qu’on aime et peut-être qu’on pourra trouver une symbiose !

SOURCE DE L’ARTICLE : Diplomeo

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